L’énergie hydrogène est-elle idéale pour les transports maritimes ?

Alors que les études pointent les conséquences environnementales et sanitaires du transport maritime qui n’était, jusqu’en avril 2018, pas concerné par les accords de Paris sur le Climat, l’hydrogène apparaît pour beaucoup comme une solution miracle. Le point sur cette technologie prometteuse.

Transport maritime : état des lieux de la pollution

Si l’accord signé ce vendredi 13 avril 2018 par l’Organisation Maritime Internationale est une victoire pour la planète, il faudra attendre 2050 pour que le secteur réduise de 50 % ses émissions de C02. En attendant les premiers navires zéro émission (2030), le transport maritime pollue à grande échelle.

Représentant 90 % du commerce mondial (8 milliards de tonnes), la marine marchande génère d’impressionnantes émissions de particules ultra-fines, très nocives pour la santé des habitants des villes portuaires.

France Nature Environnement PACA et l’ONG allemande NABU ont évalué 3 années de suite (2015, 2016 et 2017) la pollution dans la 2ème ville et 1er port de France : Marseille. Les chiffres sont alarmants. La pollution de l’air dans les quartiers de la cité phocéenne proche du port est jusqu’à 100 fois plus élevée. L’oxyde de soufre (SOx) et l’oxyde d’azote (NOx) constituent les principaux polluants de l’air, représentant respectivement environ 10 % et 30 % des émissions mondiales.

A titre de comparaison, le diesel que nous utilisons dans nos voitures contient jusqu’à 3 500 fois moins de soufre que le fuel lourd utilisé par la marine marchande. Même en stationnement dans les ports, ces paquebots continuent de polluer et d’asphyxier les habitants. Avec les conséquences que l’on sait sur la santé : infections respiratoires, exacerbation de l’asthme, bronchites chroniques, cardiopathies, décès… Rendu encore plus nocif par les autres polluants, le souffre avec l’eau produit de l’acide sulfurique (responsable entre autres de la déforestation).

Zones de régulation, électrification des paquebots à quai, carburant hydrogène…

Alors que les études misent sur l’accroissement très important du transport de marchandises par les mers d’ici 2020 (16 milliards), les recherches notamment en Europe s’accélèrent pour remédier à ce désastre tant environnemental que sanitaire. Si rien n’est fait pour inverser la trajectoire d’émissions du secteur, ces dernières, selon un avis du CESE d’avril 2017, pourraient augmenter jusqu’à 250 % ! Parmi les pistes envisagées : l’électrification des paquebots à quai (Cold Ironing ou Alternative Maritime Power), le carburant GNL, l’extension des zones d’émission contrôlée de soufre (ECA), l’utilisation d’épurateurs, l’application d’un bonus/malus d’incitation à de meilleures pratiques, interdiction des motorisations utilisant du fioul en 2020 en Méditerranée, etc.

En matière de carburant, si le gaz naturel liquéfié apparaît comme une alternative intéressante (diminution de 100 % des émissions de SOx, de 99 % des particules fines et de 80 % des émissions de NOx), il contribue au réchauffement climatique. S’il est déjà utilisé par de nombreux armateurs, il ne permet malheureusement de baisser que de 20 % les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).

Dans ce contexte tendu, l’utilisation de l’hydrogène pour les géants des mers (cargos, tankers, porte-containers, navires de croisières…) suscite de l’espoir.

Pour en savoir plus sur le transport hydrogène :

  • Depuis avril 2018, la ville de Nantes s’est dotée d’un (petit) navire à propulsion hydrogène (10 m de longueur) qui circule sur l’Erdre : le Jules Vernes 2. Dotée de 2 piles à combustible de 5 kW chacune qui convertissent l’hydrogène en électricité, cette navette fluviale pleine de promesse émet 0 GES ni particules fines. Elle est silencieuse et ne rejette que de l’eau.
  • Énergie hydrogène = zéro émission de CO2 et zéro émission de particules fines
  • Résolument engagés dans les énergies renouvelables, les norvégiens se veulent précurseurs en matière de ravitaillement et transport d’hydrogène. Le groupe Viking Cruises devrait bientôt transporter ses croisiéristes avec un paquebot de 230 m de long, le Viking FellowSHIP, fonctionnant à l’hydrogène liquéfié.
  • Au Japon, Kawasaki Heavy Industry promet un bateau de grande taille fonctionnant à l’hydrogène liquide en 2030.
  • Le transport hydrogène via la technologie du Power-to-Gas (transformation du surplus d’électricité renouvelable en hydrogène) apparaît aujourd’hui comme la seule solution 100 % verte aujourd’hui pour le transport maritime. Mais il faut attendre un peu.

Auteur : Vincent T.